| sénèque | | | Ducunt volentem fata, nolentem trahunt.
Les destinées conduisent le consentant et traînent le résistant. | | | | |
| | action | | | Chateaubriand est dans la résistance : « Comme les médiocres donnent la main à la fortune, on croit qu'il la mènent », tandis que Byron penche pour le consentement : « C'est lorsqu'on croit mener le jeu, qu'on est le plus mené » - « When we think we lead we most are led ». Le premier, sûr de la rectitude de son chemin, peut ne plus avoir besoin d'yeux. Le second, englué dans la lutte, peut oublier de quel côté se trouve son étoile. Il faut peut-être ne pas trop surveiller les pieds et vouer son regard aux trajectoires invisibles. | | | | |
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| byron g. | | | In commitment, we dash the hopes of a thousand potential selves.
Tout engagement barre l'espérance de tant des moi en puissance. | | |  | |
| | action | | | Et si le moi se traduisait mieux dans mes hésitations et abstentions que dans mes prises de position ? Shakespeare : « nos doutes nous trahissent » - « our doubts are traitors » - le comprit bien : notre soi le plus proche et le plus secret se cache dans l'indétermination, le soi inconnu. | | | | |
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| byron g. | | | As to success ! those who succeed will console me for a failure.
Quant au succès, ceux qui réussissent me consoleront d'avoir échoué. | | | | |
| | action | | | Mais eux aussi pensent, qu'ils échouèrent ! La comparaison accable ; ne console que l'excellence superlative. On ne compare pas les ruines avec les immeubles. Pense à ceux qui verront dans ton échec retentissant une réussite silencieuse. « Fais florès de tes faillites ! » - S.Beckett - « Fail better » - que chaque fleur, au lieu de se perdre dans une couronne ou dans un vase, se dépose sur les lieux de mes débâcles, une fleur, sans pourquoi et hors tout bouquet. | | | | |
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| amour | | | Que le délire philogyne des vieux Casanova, Goethe ou Tiouttchev me séduit davantage que ne me convainquent des savantes analyses des misogynes, vautrés dans leur misère sexuelle, tels que Byron, Schopenhauer ou Nietzsche ! Un manque cruel d'ironie, pour bien digérer ses déboires. Un manque, plus cruel encore, d'imagination, pour chanter ce qu'on ne connaît pas. | | | | |
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| amour | | | Une honte m'inonde, chaque fois que je trouve trop de douceur dans ma voix ; l'écriture en contre-point du sentiment semble être la plus noble. La rudesse, plus que la mollesse, doit animer la voix d'ange. « Le diable, visant le cÅ“ur, n'a pas dans son carquois de flèche plus sure que la voix douce » - Byron - « The devil hath not, in all his quiver's choice, an arrow for the heart like a sweet voice ». Le diable est indifférent ; c'est l'ange qui doit être fanatique. | | | | |
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| amour | | | La hauteur noble, la hauteur à garder, n’est pas dans un lieu à ne pas quitter, elle est dans un élan qu’apportent une âme chevaleresque ou un cÅ“ur amoureux, un regard fraternel ou les ailes palpitantes, bref – une amitié de rêve ou un amour de caresses. « L’amitié est l’amour sans ses ailes ! » - Byron - « Friendship is Love without his wings ! ». | | | | |
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| amour | | | La honte est la seule blessure incurable, quelle que soit sa source, de la plus basse - à la plus haute, de ton infamie - à ton amour. « Même si les blessures d’amour ne tuent pas, elles ne guérissent jamais » - Byron - « Even if the wounds of love do not kill, they never heal ». | | | | |
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| byron g. | | | Man's love is of man's life a thing apart 'T is woman's whole existence.
L'amour de l'homme en prend une partie, Mais il remplit la femme, tout entière. | | | | |
| | amour | | | L'émancipation égalisa tout ; et l'amour, chez tous les deux, ne remplit qu'une case prévisible, quelque part entre vaccination et assurance. | | | | |
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| byron g. | | | In her first passion woman loves her lover : In all the others, all she loves is love.
Au prime amour, la femme aime l'amant ; Dans ceux d'après, elle n'aime que l'amour. | | |   | |
| | amour | | | L'homme n'aime que l'amour avec toutes les femmes, sauf avec la dernière, dans laquelle il n'aime qu'elle. | | | | |
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| art | | | La hauteur du goût ne cédant pas à la hauteur du dégoût - Byron, Leopardi, Lermontov - un équilibre rarissime, mais à un niveau modeste. Ah, si Valéry avait les dégoûts de Bloy, ou Bloy - le goût de Valéry ! | | | | |
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| art | | | Le remplissage est le genre littéraire le plus répandu, et le vidage d'une tête débordant de pensées - la méthode la plus suivie (même Byron succomba à cette niaiserie : « Si je n'écris pas pour vider mon esprit, je deviens fou » - « If I don't write to empty my mind, I go mad »). On aurait dû laisser ce soin au lecteur, en lui tendant un vide vertigineux, aspirant ce qui est, à l'accoutumée, retenu dans des réserves de l'âme. « Viser la plénitude en se vidant »** - G.Steiner - « Evacuation towards fullness » - il faut le faire avant le premier trait de plume ! | | | | |
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| art | | | On ne trouve de vrais rêveurs que chez Héraclite et Platon, Goethe et Byron, Dostoïevsky et Nietzsche ; tous les autres, avant, pendant ou après ceux-là , y compris leurs épigones, ne peignent que des bavards réalistes ou des pédants abstractionnistes. | | | | |
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| art | | | Dans l’art (musical, philosophique, poétique), il y a trois sortes d’intuition, qui peuvent réveiller un génie imprévisible, – l’inconsciente, la profonde, la hautaine. La première famille – Bach, Mozart, Tchékhov ; la deuxième – Kant, Rilke, Valéry ; la troisième – Byron, Hölderlin, Nietzsche. L’homme, c’est-à -dire le maître, n’y est presque pour rien ; c’est une étincelle divine qui illumine leurs œuvres. La conscience, la profondeur, la hauteur, sans intuition, n’aboutissent à la beauté que grâce à la sobre maîtrise de l’homme, avec un talent purement humain et qui ne serait qu’un instrument auxiliaire. | | | | |
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| bien | | | Ils pensent, que le mal vient de la faute, tandis qu'il vient beaucoup plus souvent de la certitude d'être immunisé contre elle. L'innocence ou la perfidie produisent le même taux de forfaits (les premiers passant du rêve à l'acte, les seconds dotant l'acte - de rêve). « Justifier à moi-même mes propres actions - dernière infirmité du mal »** - Byron - « To justify my deeds unto myself, the last infirmity of evil ». | | | | |
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| bien | | | Qui est plus débonnaire - celui qui compatit aux bourreaux du Christ, vannés et mal payés, ou bien celui qui, sans états d'âme, investit massivement en Celui Qui allait gagner (il fallait être un Byron, pour aimer Hérode) ? Que ceux qui misèrent bien aient maintenu la profession décriée et même qu'ils en aient augmenté la solde est sans importance. | | | | |
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| cité | | | Dictature du cÅ“ur ou dictature du muscle, tout les oppose en leitmotive, tout les confond en finales. On devrait n'en garder que les ouvertures, vivace, cantabile. Laisser à la dictature de l'argent tous les développements, ma non troppo. Laisser en vibrati le cÅ“ur et le muscle contents, avant que l'argent comptant ne décoche la flèche finale en moderato ; disparaître au moment même, où s'allume ta lampe d'Aladin : « L'argent comptant est la lampe d'Aladin » - Byron - « Ready money is Aladdin's lamp ». | | | | |
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| cité | | | Prenez le pur lyrisme du Giaour de Byron, du Diwan de Goethe, de Salammbô de Flaubert, du Khadji Mourat de Tolstoï, - les sots corrects d'aujourd'hui, en les étudiant, y trouvent du soutien aux peuples opprimés et du courroux face aux tyrans et à l'injustice. | | | | |
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| cité | | | Tous les pays devinrent aujourd'hui ce qu'était jadis l'Angleterre byronienne : « pays de bassesse, de journaux, d'ennui, d'avocasseries » - « a low, newspaper, humdrum, lawsuit country ». | | | | |
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| cité | | | Aujourd'hui, on juge les hommes d'après leurs positions politiques, idéologiques ou claniques ; jadis, on appréciait davantage la pose : d'un Byron, d'un Chateaubriand, d'un Nietzsche. Comme, de nos jours, j'admire la pose de Cioran : des apocalypses entièrement inventées, l'irréparable ressurgissant, rutilant, de ses cendres, l'incurable s'épanouissant dans de belles onctions suprêmes. | | | | |
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| byron g. | | | Society is now one polish'd horde, Formed of two mighty tribes, the Bores and Bored.
Ceux-là vont à l'ennui, ceux-ci l'amènent, C'est votre monde fait par la même horde amène. | | |     | |
| | cité | | | Chaque Bore, en bâillant, est persuadé de le faire au nom des Bored. « Tout héros finit dans la peau d'un raseur » - Emerson - « Every hero becomes a bore at last ». | | | | |
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| spengler o. | | | Die Demokratie ist die politische Waffe der Diktatur des Geldes.
La démocratie est l'arme politique de la dictature de l'argent. | | |   | |
| | cité | | | C'est, hélas, la plus anodine et bénigne des dictatures. Ce qui est abject, c'est que ses suppôts pleutres se croient sains et libres. Sous la dictature d'une idée, au moins, personne n'ignore d'être un esclave malade. « La démocratie, c'est l'aristocratie des goujats » - Byron - « What is democracy ? - an Aristocracy of Blackguards ». | | | | |
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| hommes | | | Avec mon potentiel de transfuge vers patries éphémères et de renégat de causes gagnantes, j'aurais dû naître Britannique ; aucun autre pays ne dispose d'autant d'exilés intérieurs : Shakespeare - Romain, Byron - Allemand, Lawrence d'Arabie - Oriental, Wilde - Français, Philby-Wittgenstein - Russes. | | | | |
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| hommes | | | L'aboutissement moderne des idéaux antiques : le stoïcien - homme d'affaires ou écolâtre, le cynique - juriste ou journaliste, l'épicurien - politicien ou artisticule, le sceptique - homme de la rue. Le romantisme aristocratique des Goethe, Byron, Chateaubriand, Leopardi, Lermontov ne fut qu'une parenthèse anti-antique, vite barrée des chroniques intellectuelles. Et en admirant passivement Nietzsche, Ortega y Gasset ou Cioran, je me sens écœuré en compagnie de leurs admirateurs actifs. | | | | |
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| hommes | | | L'unique harmonie entre les meilleurs artistes français et le goût du Français moyen ! À comparer avec l'incompatibilité du génie de Byron, Pouchkine, Leopardi, Nietzsche avec leurs compatriotes. | | | | |
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| byron g. | | | Those who will not reason, are bigots, those who cannot, are fools, those who dare not, are slaves.
Les fanatiques ne veulent pas raisonner, les imbéciles ne peuvent et les esclaves n'osent. | | |   | |
| | intelligence | | | Aujourd'hui, tout le monde veut, peut et ose. Le sot n'est plus ni esclave ni fanatique, et sa raison, sous forme d'un mode d'emploi, est librement acceptée, même par les sages. | | | | |
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| ironie | | | Une curieuse déviation des plus impétueux des poètes, esclaves de leur noblesse - Byron, Hölderlin, Lermontov - la litanie pour la liberté et la paix. | | | | |
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| ironie | | | Il doit exister une énigmatique relation de cause à effet entre l'exotisme du lieu géographique et la tonalité de l'écriture, qui s'y éploie : quand je compare mon environnement avec celui de Byron, Leopardi et Nietzsche, je trouve d'amusants parallèles. | | | | |
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| byron g. | | | Sapping a solemn creed with solemn sneer.
Ébranler la gravité d'une conviction par celle d'une moquerie. | | | | |
| | ironie | | | Il ne nous resteraient que des convictions hilares, dont on continuerait de se moquer, en hésitant et avec un manque de conviction. | | | | |
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| mot | | | Ni la peinture ni la musique ne peuvent rendre ni mon regard ni ma houle. Et, dans mon soi révélé ou palpitant, le mot n'a rien de palpable à embrasser ni à reproduire ; c'est une ambition bien niaise, que « ton fruit soit copie de toi-même » - Byron - « as our mould must the produce be »Â ; il n'y a rien à copier - ma création est moi ! Encore que ce soient les meilleurs qui le tentent ; les pires copient les autres ou les choses. | | | | |
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| byron g. | | | But words are things, and a small drop of ink, Falling like dew upon a thought…
Les mots sont lourds, et, telle une rosée, L'encre appesantit l'idée… | | | | |
| | mot | | | Si l'idée brille, c'est à cause de la rosée verbale. L'idée n'est qu'un poids fortuit, sans âme, et servant à éprouver les bonnes balances. Dieu même ne fait le poids que sur une balance céleste, la seule, où l'on puisse se féliciter de la hauteur du plateau vide. | | | | |
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| noblesse | | | Comprendre ce qu'il faut pour rester Marc-Aurèle sans empire, Job sans lèpre, Byron sans titre, G.Bruno sans anathèmes, un saint sans Dieu. | | | | |
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| noblesse | | | Il est du meilleur aloi, qu'on prenne l'aristocrate à l'ironique. Le sérieux devrait être réservé aux raseurs (la recette est de Byron). | | | | |
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| noblesse | | | Ma préférence va plus souvent aux ruines, au détriment des chemins, puisque j'ai deux locataires à héberger : le sentiment sédentaire et la pensée nomade, un aveugle et un boiteux, le premier accédant tout de même au regard, le second - à l'humilité. Séparés, ils se prennent pour voyant ou métronome. Je les laisse ensemble : le sentiment-maître apportant des images, la pensée-servante - un contact avec la réalité. L'imaginaire d'Homère, le réel de Byron - se fraternisent. « Dans le domaine du sentiment, le réel ne se distingue pas de l'imaginaire » - Gide. | | | | |
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| noblesse | | | La même noblesse anime les grands poètes ; elle peut se manifester par attachement aux mots (le talent et l'âme), aux courants d'idées (l'intelligence et l'esprit), aux formations politiques (le besoin de reconnaissance et la raison). Byron, Chateaubriand, Rilke se contentèrent du premier volet, Hölderlin, Nietzsche, Valéry y ajoutèrent le deuxième, Hugo, Maïakovsky, Aragon – le troisième. Goethe fut le seul à tenter tous les trois, comme notre contemporain, refusant les titres de poète et de héros, R.Debray. | | | | |
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| byron g. | | | The success is the true touchstone of merit.
La vraie pierre de touche du mérite, c'est le succès. | | | | |
| | noblesse | | | Si je baisse la tête, je passe l'examen, si je la hausse, je le loupe. Sisyphe, avec sa débâcle et ses pierres imméritées, eut la sagesse de lever son regard au sommet. | | | | |
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| russie | | | La mesure du gouffre creusé entre l'Europe et la Russie par le règne du goujat : je n'ai aucune peine à tracer un chemin, qui mène de Byron à Lermontov, sans ruptures ; de la conscience historique de Soljénitsyne je n'arrive pas à atteindre même les Valaco-Bohémiens Conrad, Kundera ou Cioran, quoique sa conscience tout court en fasse un Dante homérique, toujours dans l'infernal ou dans l'épique. | | | | |
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| russie | | | Les grands artistes russes ne se mêlaient jamais à la multitude. Quel contraste avec l'Europe, où l'incrustation de fait se faisait sans peine et en pleine foire ! Pascal et son commerce de fiacres, Baudelaire, avec son Moniteur de l'épicerie, Claudel et la Mystique des bijoux Cartier, et même Valéry aux Louanges de l'eau de Perrier. Et pourtant, le héros russe le plus byronien, Eugène Onéguine, se moque d'Homère et admire A.Smith. | | | | |
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| solitude | | | On échoue à rendre un vrai état d'exil (Ovide, Pétrarque, Dante, Pouchkine, Dostoïevsky, H.Arendt, S.Zweig), on ne réussit qu'à en esquisser la pose (Sénèque, Casanova, Byron, Nietzsche, Kafka, S.Weil, Nabokov, Cioran). Et l'exil n'est pas le seul état d'âme, qui reste toujours à inventer, je soupçonne, que l'amour, la foi et la noblesse possèdent la même étrangeté. | | | | |
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| solitude | | | Ce que je reproche à un Dante, un Byron ou un R.Debray, c'est leur attitude face au Prince : vivre la hauteur de sa solitude et jalouser l'inaccessible profondeur de sa puissance. Il vaut mieux vivre sa puissance et jalouser sa solitude. | | | | |
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| solitude | | | Byron trouva en mélancolie un état d’âme noble, ce qui ne fut envisagé ni à l’époque classique ni, encore moins, dans l’Antiquité, où la bonne humeur et l’âme en paix furent omniprésentes sur l’agora. Aristote fut-il mélancolique ? - cette hypothèse reste sans réponse, puisque son style est sans relief. R.Debray est le dernier byronien. | | | | |
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| cicéron | | | Numquam se minus solum quam cum solus esset.
Je ne suis jamais moins seul que dans la solitude. | | |    | |
| | solitude | | | J'ai appris à parler à moi-même, une fois que j'ai appris à me taire dans la foule (leçon, donnée par Caton et Scipion l'Africain, et bien apprise par Byron). Tant de fantômes, venus du passé des autres et de ma propre enfance, seront mes interlocuteurs. La solitude ouvre à la dimension verticale, dans laquelle se logent tant d'images, d'élans et de mélodies, qui feront vibrer en moi ce qui restait muet, dans la multitude. | | | | |
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| byron g. | | | In solitude, where we are least alone…
Jamais moins seul que dans la solitude… | | | | |
| | solitude | | | Entouré des hommes, on se sent abandonné du ciel. Être seul, c'est être sans les oreilles d'autrui. La solitude, c'est l'absence d'yeux. On se voit sans yeux, on ne s'entend pas sans oreilles. Cicéron (« numquam se minus solum… »), Scipion… Volé chez Caton. | | | | |
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| souffrance | | | Souffrant des mêmes défauts physiques, professant le même romantisme face à l'histoire, la femme ou l'Antiquité, morts au même jeune âge - quels invraisemblables parallèles entre Byron, Pouchkine et Leopardi ! | | | | |
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| souffrance | | | L'épais désespoir est plus fécond que la fine espérance, mais évite de le mettre en lumière et sers-t'en comme d'une racine cachée, amenant de la vie aux branches joyeuses de ton arbre : « Une vitalité du désespoir, une racine vivace, qui nourrit ces branches » - Byron - « A very life in our dispair, a quick root which feeds these branches ». | | | | |
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| souffrance | | | L'arbre dépourvu de feuilles à unifier devient symbole de la mort : « Cet arbre sombre, le cyprès, portant le deuil de ce qu'il ombrage » - Byron - « The cypress droops to death, dark tree, the only constant mourner » - mais, ayant perdu en étendue et même en profondeur, il reste symbole de la hauteur, où s'unifient des cimes et non plus des feuilles. | | | | |
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| souffrance | | | La souffrance rend plus sensible aux fleurs qu'aux légumes : « la rose solitaire que plante le désespoir » - Byron - « a single rose, planted by Despair ». La rose solitaire, pour laquelle on ne peut pas mourir (Saint Exupéry). La rose à bonne mémoire (qui « n'a jamais vu la mort d'un jardinier ») de Fontenelle. La rose est un jardin, où se cachent les arbres, « l'espace d'un matin » - Malherbe. Pour ne pas avancer la tristesse du soir, « cueillez, la belle, des roses » - Virgile - « collige, virgo, rosas »â€¦ | | | | |
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| souffrance | | | La culture n'est pas ce qui sauve du naufrage vital (Ortega y Gasset : « Cultura es lo que salva del naufragio vital »), elle est ce qui rend plus pathétique le style de nos messages confiés à la bouteille, à bord de ce vaisseau fantôme qu'est la vie. C'est, peut-être, ce que voulait dire Nietzsche : « Montez à bord, les philosophes ! » - « Auf die Schiffe, ihr Philosophen ! » (les bons philosophes savent, depuis Pascal, qu'ils sont déjà fatalement embarqués), leurs havres d'intranquillité étant leurs propres épaves : « pour se maintenir, comme Pyrrhon, à flot dans l'océan de l'esprit » - Byron - « to float, like Pyrrho, on a sea of speculation ». Deux manières de penser le retour éternel : brûler ses navires, soigner le contenu de sa bouteille. | | | | |
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| souffrance | | | J'étouffe en ce monde, car dans ses souterrains ne se cache plus aucune vraie souffrance et sur ses toits ne retentit plus aucune vraie prière. J'étouffe au milieu de leurs fenêtres et portes, alcôves et salles-machines. La vraie souffrance, je ne la dois qu'à moi-même : « Les épines que j'ai cueillies sont celles de l'arbre que j'ai planté »* - Byron - « The thorns which I have reap'd are of the tree I planted ». | | | | |
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| beethoven l. | | | Durch Leiden Freude.
Par la douleur vers la joie. | | | | |
| | souffrance | | | On apprend aujourd'hui toutes les langues étrangères, y compris celle de la musique, - sans douleur. L'effort humilie l'essor. Et l'on ne retire de cette sueur aseptisée que … de la connaissance : « Par la souffrance – à la connaissance » - Homère (comme le voient aussi le Prométhée d'Eschyle, le Faust de Goethe et le Manfred de Byron). | | | | |
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| byron g. | | | Sorrow is Knowledge… The tree of Knowledge is not that of Life.
Le savoir est dans la douleur, mais son arbre n'est pas celui de la vie. | | | | |
| | souffrance | | | Eschyle ne le voyait pas autrement : « Par la souffrance - la connaissance, telle est la loi souveraine », tandis que Prométhée aurait inversé l'effet et la cause, tout comme l'Ecclésiaste et G.Bruno : « Qui accroît le savoir, accroît la douleur » - « Chi accresce il sapere aumenta il dolore ». La sotte espérance socratique de « pouvoir guérir par la connaissance l'éternelle blessure de l'existence » - « durch das Erkennen die ewige Wunde des Daseins heilen zu können » fut dénoncée par Nietzsche. Seuls les plus obtus des philosophes, les spinozistes, promettent de la joie, qui consisterait en connaissances. Le jeune Nietzsche tombe dans le même travers, en espérant Dans l'insipide jungle moderne, l'Ecclésiaste bureautisé déracina toute libido sciendi, toujours solitaire, tandis que le nom même d'Ecclésiaste désigne celui qui prêche à la foule. On a beau placer son Golgotha au milieu du jardin d'Éden, - la croix ou le pommier - c'est la rencontre des crânes et le divorce des désirs. Dans l'arbre du rêve, le savoir est ce qui en soude les branches ; la douleur - ce qui amène la sève et colorie les fleurs. Tout ce qui n'est pas tenté par la hauteur d'arbre est teinté de platitude. | | | | |
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| byron g. | | | Happiness was born a twin.
La joie est née jumelle. | | | | |
| | souffrance | | | La souffrance, elle, ignore la gémellité. Le reflet d'une joie est une clef ou un attouchement ; le reflet d'une souffrance est une farce ou un puzzle. Les joies solitaires, surtout celles d'un poète, sont toujours douteuses et fragiles : « Faire de la poésie, c'est comme faire l'amour : on ne sait jamais si son plaisir est partagé »* - Pavese - « Far poesie è come far l'amore : non si saprà mai se la propria gioia è condivisa ». | | | | |
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| byron g. | | | Joy's recollection is no longer joy, While sorrow's memory is a sorrow still.
Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur ; Le souvenir de la douleur est de la douleur encore. | | | | |
| | souffrance | | | Comme quoi l'inventé risque moins que le réel d'être éventé. Les mémoires s'amplifient, l'oubli se rehausse. | | | | |
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