| sénèque | | | Ducunt volentem fata, nolentem trahunt.
Les destinées conduisent le consentant et traînent le résistant. | | | | |
| | action | | | Chateaubriand est dans la résistance : « Comme les médiocres donnent la main à la fortune, on croit qu'il la mènent », tandis que Byron penche pour le consentement : « C'est lorsqu'on croit mener le jeu, qu'on est le plus mené » - « When we think we lead we most are led ». Le premier, sûr de la rectitude de son chemin, peut ne plus avoir besoin d'yeux. Le second, englué dans la lutte, peut oublier de quel côté se trouve son étoile. Il faut peut-être ne pas trop surveiller les pieds et vouer son regard aux trajectoires invisibles. | | | | |
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| amour | | | Quand l'amour commence à omettre l'article défini devant plus ou moins, il n'est plus dans son milieu naturel - un gouffre ou un firmament immobiles. Tout signe de (dé)croissance est son acte de décès, quoi qu'en pense Chateaubriand : « L'amour décroît, quand il cesse de croître ». | | | | |
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| amour | | | À l'enfer, avec sa tentation par la révolte, au purgatoire, avec sa tentation par la perfection (Chateaubriand), je préfère mon paradis, avec ma tentation par le désir et la caresse. Ni l'éternité de débandade, ni l'avenir de mascarade, mais le présent de toquade. | | | | |
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| art | | | Le chant du poète anime le silence du cœur, comme le sens divin remplit le vide de l'esprit. Le chant est aussi éloigné du bruit sensible que le sens - de la représentation intelligible. Et Chateaubriand se trompe de source : « Les poètes sont des oiseaux : tout bruit les fait chanter » - la musique naît dans l'âme, qui, chez le poète, est toujours neuve : « Cette 'âme nouvelle' devrait chanter et non pas narrer ! »** - Nietzsche - « Sie hätte singen sollen, diese “neue Seele” - und nicht reden ! ». | | | | |
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| art | | | En dernière instance, toutes mes débâcles sont dues au manque de mes talents ; pour un défi minable je ne lève pas mon petit doigt, mais tout défi, pour lequel je m'apprête à lever ma plume, est hors d'atteinte humaine ; dans tous les cas, je me retrouve sur un banc des accusés : « L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime » - Chateaubriand. | | | | |
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| art | | | Héraclite se serait moqué des dialogues socrato-platoniciens ; J.Joubert arrachait les pages discursives de tous les livres, y compris de ceux de son ami Chateaubriand ; Nietzsche riait des pâles chinoiseries kantiennes ; Valéry baillait sur les marquises de Proust ou sur les cinq heures de Bergson. La philosophie est une matière littéraire ; la littérature ne vaut que par son côté poétique ; la poésie est un hymne à la musique ; la musique est faite de métaphores mélodiques et rythmiques ; la métaphore verbale s'identifie avec la maxime. | | | | |
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| art | | | L'idéal, jamais atteint, d'une écriture noble, la rencontre des trois dons : du ton, de l'intelligence, du style ; trois hommes brillent, chacun sur sa facette respective de ce faisceau, sans déborder vraiment sur les autres : Nietzsche, Valéry, Cioran. Et le talent consiste peut-être dans l'art de créer la sensation de plénitude en escamotant les fâcheuses lacunes. Pour cela, il faut prendre du recul, ou de la hauteur, par rapport au réel, se mettre à une grande distance de soi-même, adopter le ton du revenant (que Baudelaire entendait chez Chateaubriand), pour rester pur, pour ressembler à l'ange. | | | | |
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| art | | | Quelle chance eut la France avec Voltaire et Chateaubriand en tant que juges complémentaires en esthétique ! Tout bon écrivain français devrait les avoir en vue, en permanence : l'ironie du premier l'empêcherait de ne se vouer qu'à l'exalté, et la noblesse du second lui désapprendrait à ne fréquenter que le genre persifleur. | | | | |
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| | art | | | Le bon sens est ton bas intérêt ; le goût – ton haut choix. Chez le génie, le choix conscient coïncide avec l'intérêt inconscient. L'art d'aujourd'hui, moribond et barbare : l'intérêt est conscient et l'image - inconsciente. | | | | |
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| bien | | | Le goût pour la poésie est des plus anti-démocratiques et anti-humanistes. L'absence de honte pour leurs privilèges, implicitement ressentis comme mérités, chez Chateaubriand, Lamartine ou Nietzsche, disqualifie l'homme, mais n'atteint nullement le poète. La honte sociale, chez Hugo, Marx ou Tolstoï, honore l'homme, mais engrisaille le poète. | | | | |
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| bien | | | Ce qui distingue les passions, ce n'est pas la part de vertus ou de vices, mais le milieu de leur exercice - la certitude de l'action ou le vague du rêve, le réel ou l'idéel, le plaisir des yeux ou la volupté du regard. « Les passions vicieuses sont toujours un composé d'orgueil, et les passions vertueuses un composé d'amour » - Chateaubriand. L'amour actif est source de tant de scélératesses, et l'orgueil passif – de tant de noblesse. | | | | |
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| bien | | | Le cœur doit être vide, puisque le Bien, son maître, ne s’entoure d’aucun objet, d’aucune action, d’aucune traduction crédibles ; c’est le monde qui est trop plein, pas le cœur (contrairement à ce que pense Chateaubriand). | | | | |
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| bien | | | Le bien connu se réduit aux actes, dictés par un motif généreux ou débonnaire ; le Bien inconnu est déposé par le Créateur au fond de notre cœur immobile et perplexe. « Je cherche seulement un bien inconnu, dont l'instinct me poursuit »** - Chateaubriand. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | Jadis : soyez vertueux, pour être libres. Aujourd'hui : soyez libres, pour être vertueux. | | | | |
| | bien | | | Aujourd'hui, à l'âge de 5 ans on sait qu'on est libre, et à 80 on se dit que peut-être on aurait dû être vertueux. Jadis, les chaînes contribuaient au sens et au rythme de toute marche, et même au repos final on se présentait en serviteur de Dieu. | | | | |
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| cité | | | On entendit tant de balivernes sur la liberté, qui serait combat de tous les jours, tandis que, dès le deuxième, on combattra déjà pour les industriels ou pour les chefs ou pour le pouvoir d'achat, faute de noblesse durable : « Quand les mœurs et les lumières manquent, on peut encore conquérir la liberté, on ne la peut garder » - Chateaubriand. | | | | |
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| cité | | | Aujourd'hui, on juge les hommes d'après leurs positions politiques, idéologiques ou claniques ; jadis, on appréciait davantage la pose : d'un Byron, d'un Chateaubriand, d'un Nietzsche. Comme, de nos jours, j'admire la pose de Cioran : des apocalypses entièrement inventées, l'irréparable ressurgissant, rutilant, de ses cendres, l'incurable s'épanouissant dans de belles onctions suprêmes. | | | | |
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| cité | | | L'intellectuel européen rêve d'un mouvement social, qui incarnerait ses idées. Et il pense servir la vérité. L'idée n'est intellectuelle que si elle renonce à son incarnation et se contente de réveiller des consciences. L'ingénieur ou l'épicier servent certainement mieux la vérité que l'intellectuel. L'intellectuel est celui qui est sensible à la hauteur des vérités et aux roueries des mensonges : « Nous, entachés de poésie, maraudons de chétifs mensonges sur des ruines »** - Chateaubriand - comment s'appelle le mensonge des véridiques ruines ? - château en Espagne ! | | | | |
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| cité | | | Les philosophes auraient dû dénoncer les ravages sentimentaux de la machine intra-humaine et rester indifférents à l’évolution irrésistible de la machine extra-humaine. Mais ils se comportent en vierges effarouchées lorsqu’un politicien déclare aimer la machine entrepreneuriale ou un autre lui trouver une âme : « La nouvelle la plus terrifiante du monde » - Deleuze. Ah qu’un Chateaubriand ou un Lamartine hautain et ironique nous manque ! | | | | |
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| | cité | | | Dans cette dénonciation vous reconnaissez ce couple paisible, l'inégalité et la démocratie, leur mariage conclu en bonne et due forme et consommé sur la place publique. « La liberté politique, sans égalité économique, est un mensonge »** - Bakounine - « Политическая свобода, без экономического равенства, это ложь ». | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | Démocrate par nature, aristocrate par mœurs, je ferais très volontiers le don de ma fortune et de ma vie au peuple, pourvu que j'eusse peu de rapports avec la foule. | | | | |
| | cité | | | Je ne pousserais pas au-delà de la fortune cette attitude somme toute noble. Les capitaines d'industrie disent le contraire : je partagerais tout avec le peuple, pourvu que je garde ma fortune. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | Alors sortirent de leurs repaires tous les abrutis par l'indigence, n'ayant pour toute vertu que l'insolence de la misère et l'orgueil des haillons. | | | | |
| | cité | | | Toute tête bien pensante s'offusque de ce qui n'est ici qu'un courage d'esthète. L'opulence et les paillettes du gros de la jet set, que constitue aujourd'hui le mufle soûlé par l'argent, ne le parèrent pas d'atours plus séduisants. C'est toi et Dostoïevsky qui avez raison, et non pas Dickens ou Tolstoï : la richesse abrutit les âmes, la misère abrutit les esprits. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. | | | | |
| | cité | | | Plus précisément, la hauteur initiale, l'arbre et le mirage s'ouvrent devant les hommes ; la profondeur tombale, la forêt et le désert closent leur parcours. | | | | |
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| | doute | | | L'ennemi des chimères, pourtant soumis au hasard, ne vante que la raison. | | | | |
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| hommes | | | Imaginez Platon, se cramponnant à sa cire et à son stylet et brocardant l'infamie technocratique des inventeurs du papier (comme Chateaubriand et Vigny maudissant la locomotive à vapeur) - c'est pourtant ce que font nos intellectuels geignards et aigris, face à la joyeuse avancée du gai savoir des ordinateurs. L'affreux Gestell de Heidegger n'est pas en salle-machine, il s'incruste dans vos circuits mentaux sans courant de rêve ! Le triomphe du robot, chez les hommes, n'est ni extérieur ni technique, mais intérieur et psychique. Moi, charlatan de mon étoile, dois-je m'effaroucher, puisqu'on se met à explorer les astres ? | | | | |
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| hommes | | | Jadis, même les sots, pour ne pas être en retard avec leur siècle, se rendaient au marché littéraire, occupé exclusivement par de rares fournisseurs d'images d'ailleurs. Les sots lisaient du Chateaubriand. Aujourd'hui, ce marché est envahi par des hordes d'infâmes scribouiilards, satisfaisant le prurit culturel des sots et des intelligents. La plupart de ceux qui lisaient du Chateaubriand lisent aujourd'hui des houellebecq. | | | | |
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| hommes | | | L'aboutissement moderne des idéaux antiques : le stoïcien - homme d'affaires ou écolâtre, le cynique - juriste ou journaliste, l'épicurien - politicien ou artisticule, le sceptique - homme de la rue. Le romantisme aristocratique des Goethe, Byron, Chateaubriand, Leopardi, Lermontov ne fut qu'une parenthèse anti-antique, vite barrée des chroniques intellectuelles. Et en admirant passivement Nietzsche, Ortega y Gasset ou Cioran, je me sens écœuré en compagnie de leurs admirateurs actifs. | | | | |
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| hommes | | | À l'époque de Chateaubriand, les niaiseries des houellebecq seraient passées inaperçues ; aujourd'hui, un nouveau Chateaubriand serait passé inaperçu. | | | | |
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| hommes | | | À l’âge mûr, vivre de son esprit, c’est se désespérer ; vivre de son âme, c’est créer des espérances fugitives ; il faudrait vivre de son cœur, qui est le seul à n’apporter que l’entente avec soi-même, à l’âge juvénile. « Ô enfance du cœur humain qui ne vieillit jamais ! »** - Chateaubriand. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | Il est des temps, où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. | | | | |
| | hommes | | | Quand tu tomberas sur ton propre nom sur ces listes d'attente, tu retrouveras de l'humilité. Le mépris ne devrait pas porter de noms : « Le mépris doit être le plus mystérieux de nos sentiments » - Rivarol - il doit s'adresser à une forêt anonyme. Tout arbre, c'est à dire un homme, alimenté de sa propre sève, mérite une unification compatissante ou fraternelle. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | Les biens de la terre ne font que creuser l'âme et en augmenter le vide. | | | | |
| | hommes | | | Le blasé le dit, l'assoiffé le pense, le sage le fait. Le vide du sage n'a pas besoin de ces biens, pour être inépuisable. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | L'homme s'appauvrit en pensées dans la mesure qu'il s'enrichit en sentiments. | | | | |
| | intelligence | | | Poète, riche en émotions inéchangeables, frappe sa propre pensée, en valeur d'échange ; à charge aux autres de la convertir en biens du cœur. La pensée la plus savante, dépourvue d'empreinte poétique, se range vite parmi la poussière des musées ou bibliothèques. Le sentiment le plus naïf laisse dans le cœur tant de notes, que seule une pensée pénétrante peut extraire. | | | | |
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| ironie | | | L'ironie de l'arbre : même le plus consommé symbole de la création pâtit de la proximité d'un chien. Il peut se consoler - sa rivale, la montagne, a ses nuages : « L'ironie sentimentale : un chien hurlant à la lune, tout en pissant sur une tombe » - K.Kraus - « Sentimentale Ironie ist ein Hund, der den Mond anbellt, dieweil er auf Gräber pißt ». Il arrive même aux bons cerveaux de s'exprimer par vessies interposées : Sartre sur la tombe de Chateaubriand ; où peut-on lire encore ces pathétiques suppliques, gravées sur les tombes antiques : « Sacer est locus ; extra meiite » ? Par temps de déluges ou naufrages, il est plus urgent de lâcher des colombes que de cracher sur des tombes… | | | | |
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| ironie | | | Face au monstre qu’était une locomotive à vapeur, l’horreur rétrograde de Chateaubriand et de Heine s’exprime, tout de même, par des chants ; la machine-outil est houspillée par Heidegger par des malédictions assez mélodieuses ; mais les dénonciateurs de l’ordinateur, aujourd’hui, n’émettent que des piaulements grinçants et ridicules. | | | | |
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| mot | | | Le mot très en vogue, ces jours-ci : terrorisme ; comment verrais-je l'homme, qui s'adonnerait à cette activité ? - libre, considérable, courageux, illimité. J'avoue avoir aligné ces adjectifs, après l'atterrante aberration de Chateaubriand : « Je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné que le terroriste » ! Mais nous sommes d'accord sur la place qu'il mérite - le cachot. | | | | |
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| mot | | | Deux attitudes possibles, face à une langue étrangère, dont je veux me servir : soit je m'y plonge, pour y pêcher de bons candidats, soit je reste avec mes images ou états d'âme et je laisse l'intuition armer ses hameçons. Dans le premier cas, j'attrape, à coup sûr, des banalités ; dans le second, je lèverai souvent des canards, de ces fautes d'oreille, qui arrivent à tout tenant de la hauteur : « Leur cœur parle trop haut et les empêche d'entendre ce qu'ils disent »** - Chateaubriand. | | | | |
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| mot | | | Pourquoi ce qui constitue un arbre ou un livre porte le même nom – les feuilles ? Ça m’arrange : mes livres, pleins de mots connus, sont destinés à créer des arbres d’images d’inconnues. « Mes livres sont des feuilles, tombées au hasard sur la route de ma vie » - Chateaubriand – ce n’est pas sur la route de ma vie, que tombent les miennes, mais sur les constellations de mes rêves. | | | | |
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| mot | | | Je tire ces mots - fantôme, béatitudes, songe, tortures, enfer, misères, destinées, souffrances, désespoirs – d’une seule phrase de Chateaubriand, ce qui annonce le vocabulaire des zigotos d’aujourd’hui. Il ne manquent que – solitude, angoisse, mépris, révolte, gloire… - pour égayer leurs dîners au château ou au bistrot. | | | | |
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| noblesse | | | Le rêve est dans son élan initial, dans son départ, mais toute arrivée est dans la réalité, où tout mouvement n'est que géométrique, toute hauteur vite réduite à la platitude, toute solitude souillée par la présence des autres. « Je voulais les attacher en haut, les mener à la réalité par des songes » - Chateaubriand - qui manque de regard manquera aussi de hauteur. | | | | |
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| noblesse | | | La même noblesse anime les grands poètes ; elle peut se manifester par attachement aux mots (le talent et l'âme), aux courants d'idées (l'intelligence et l'esprit), aux formations politiques (le besoin de reconnaissance et la raison). Byron, Chateaubriand, Rilke se contentèrent du premier volet, Hölderlin, Nietzsche, Valéry y ajoutèrent le deuxième, Hugo, Maïakovsky, Aragon – le troisième. Goethe fut le seul à tenter tous les trois, comme notre contemporain, refusant les titres de poète et de héros, R.Debray. | | | | |
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| noblesse | | | Plus que de pouvoir assouvir ton désir, tu dois chercher à en entretenir la soif ; ces deux facultés ne cohabitent pas souvent. « Le ciel fait rarement naître ensemble l’homme qui veut et l’homme qui peut » - Chateaubriand. | | | | |
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| chateaubriand f.-r. | | | L'aristocratie a trois âges successifs : l'âge des supériorités, l'âge des privilèges, l'âge des vanités. | | | | |
| | noblesse | | | La supériorité de l'action, les privilèges de l'éclat, la vanité du clinquant. La goujaterie suit presque le même cycle : la supériorité de sa révolte, les privilèges de sa tyrannie, la vanité de sa vacuité. | | | | |
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| proximité | | | Il faut beaucoup de sang-froid et de calme pour embrasser, pour de bon, une foi ; l'excitation ne favorise que la connaissance. Et Chateaubriand : « J'ai pleuré et j'ai cru » - est certainement tombé sur des balivernes. | | | | |
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| chateaubriand f.r. | | | Le christianisme est la pensée de la liberté humaine et de l'égalité sociale. | | | | |
| | proximité | | | Aujourd'hui on lit : liberté de s'enrichir et égalité des chances ; les milliardaires sont reconnaissants au Christ, et ils vénèrent Son Père. On invitait l'esclave à engraisser le César ; on y resta fidèle. | | | | |
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| russie | | | La hauteur de mon regard sur la vie est déterminée par l'attention que je porte soit aux origines et commencements, soit aux buts et finalités. L'inspiration passive ou l'aspiration active. Le Russe penche pour la première de ces attitudes : « Napoléon s'adressait au Destin, Alexandre [Alexandre Ier] – à la Providence » - Chateaubriand. | | | | |
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| russie | | | L'arrogance américaine, comme, jadis, l'ambition française ou le nationalisme allemand, cherche à abattre la Russie, par des sanctions économiques ou en soudoyant des marionnettes environnantes. Je ne sais pas ce qu'on devrait leur conseiller : mieux étudier l'histoire de Napoléon et d'Hitler ou bien la géographie : « On ne soumet point une nation dont le pôle est la dernière forteresse » - Chateaubriand. À l'autre pôle - la culture, celle de Pouchkine, Tchaïkovsky, Tolstoï. | | | | |
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| russie | | | Alexandre Ier, en traversant à cheval le pont d’Austerlitz, ne le fait pas renommer et, admiré par Chateaubriand et Talleyrand, magnanime, il quitte le Paris conquis soulagé. Il inspire la reconnaissance aux Prussiens et aux Autrichiens. Ah, si Staline laissait Varsovie et Prague disposer de leur liberté, quelle reconnaissance, pour des siècles, porterait l’Europe à ce peuple héroïque libérateur ! Mais Staline y laissa sévir de grossiers commissaires, qui furent heureux de pouvoir ramener dans leur misérable patrie une paire de chaussures, un tabouret ou un briquet, introuvables en URSS. | | | | |
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| ortega y gasset j. | | | Rusia y España, dos razas, coinciden en padecer una evidente y perdurable escasez de individuos eminentes.
La Russie et l'Espagne, deux races, qui souffrent d'un manque évident et permanent de personnalités éminentes. | | | | |
| | russie | | | Car l'éminence n'est ni dans le pathos, ni dans l'ethnos, ni dans le cosmos, mais dans le style : de sceptre, d'épure ou de plume. Toutefois, dans ces deux pays se jouent de grandes passions ; le grand style, on le trouve chez Voltaire, Chateaubriand ou Hugo, mais : « En France, les grandes passions sont aussi rares que les grands hommes » - Stendhal – que l’auteur chercha à reconstituer, sans succès. | | | | |
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| solitude | | | Les passions collectives ne sont qu'hystéries urbanisées ; la vraie passion ne peut naître que dans la solitude, hantée par des mirages : « Les grandes passions sont solitaires, et les transporter au désert, c'est les rendre à leur empire » - Chateaubriand - les petites passions les y suivent rarement : « Rigoler dans un désert – comble de goujaterie » - Berdiaev - « Чувствовать себя весело в пустыне есть пошлость ». | | | | |
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| souffrance | | | Toutes mes consolations sont dans le renouvellement ou rafraîchissement de mes commencements ; les finalités deviennent fatales, donc hors de ma portée. Chateaubriand est plus optimiste : « Les matins se consolent eux-mêmes, les heures du soir ont besoin d'être consolées ». | | | | |
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| souffrance | | | Tu veux qu’une musique émane de ton écriture ; mais ton instrument sera toujours imparfait – quelques cordes manqueront, faute de talent, d’intelligence ou de goût. C’est ainsi que tu seras obligé de palier à ce défaut par des stratagèmes musicaux et, par exemple : « rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs »* - Chateaubriand | | | | |
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| souffrance | | | Je ne place aucune espérance dans le futur ; c’est le passé rafraîchi de mes rêves qui s’en occupe. La consolation de Chateaubriand : « On n'a rien à craindre du temps lorsqu'on est rajeuni par la gloire » - est grégaire ; elle ne loge pas dans notre cœur, son seul noble séjour, mais dans notre sens social, entretenu par un esprit faible. | | | | |
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| souffrance | | | Les joies ne résistent pas à l’épreuve de la verticalité : la profondeur réduit toute espérance au désespoir sans fond, la hauteur fait découvrir les sources des larmes. « Il faut avoir le cœur placé haut, pour verser certaines larmes » - Chateaubriand. | | | | |
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| souffrance | | | Un cœur brisé est à l’origine aussi bien du sentiment tragique de la vie que de la tragédie du rêve. L’action adoucit la vie ; l’espérance ressuscite le rêve. « Le cœur se brise à la séparation des songes » - Chateaubriand. | | | | |
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| souffrance | | | Le lieu le plus naturel de la consolation paraît être des ruines (d’un rêve, d’un amour, d’une ambition). Mais elle peut être vécue comme une fête. Les ruines sont un néant, à la place de ce qui fut vécu comme inaugural, majestueux ou sacré. « Les plaisirs de la jeunesse, reproduits par la mémoire, sont des ruines vues au flambeau »** - Chateaubriand. | | | | |
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| souffrance | | | L’espérance naît non pas d’une promesse de ton avenir réel, mais de la réanimation du passé de tes rêves. « Tant que le cœur conserve des souvenirs, l'esprit garde des illusions »** - Chateaubriand. D’une mémoire complice sort la consolation, illusoire mais la seule crédible. | | | | |
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| souffrance | | | Le lieu le plus naturel de la consolation paraît être des ruines (d’un rêve, d’un amour, d’une ambition). Mais elle peut être vécue comme une fête. « Les plaisirs de notre jeunesse, reproduits par notre mémoire, ressemblent à des ruines, vues au flambeau »*** - Chateaubriand. | | | | |
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| chateaubriand f.r. | | | Un charme est au fond des souffrances : la nature de l'homme est la misère. | | | | |
| | souffrance | | | Au fond, c'est plutôt la bile ; c'est la forme, c'est à dire la musique de nos soupirs, mots ou vociférations, qui en constitue le charme. Heureusement, l'homme a une seconde nature, qui est l'art, et qui est sa majesté. | | | | |
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